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HISTOIRE INDUSTRIELLE

DE LYON

 

Bien que très récemment valorisé, il serait aujourd’hui impossible d’aborder l’histoire lyonnaise sans évoquer son patrimoine industriel, grâce auquel la ville a prospéré de manière continue pendant plusieurs siècles. L’industrie lyonnaise, portée à l’origine par le secteur de la soie, de sa fabrication en passant par celle des métiers à tisser, se multiplie et se diversifie dans de nouvelles branches, principalement celles de la chimie, de la métallurgie, de la mécanique et bien sûr de l’automobile. 

 

Les grands quartiers industriels au début XIXe siècle sont ceux des Brotteaux, de la Guillotière, Croix-Rousse et Perrache. Au courant du siècle, c’est principalement dans le quartier de la Guillotière que les industries nouvelles vont chercher à s’implanter, y faisant ainsi doubler le nombre d’habitants ouvriers.


L’industrie Lyonnaise du XIXe Siècle jusqu’à 1914 :

 

Au début du XIXe, la soierie cesse d’être un art pour devenir une véritable industrie, qui domine la scène lyonnaise. La Fabrique lyonnaise perdure encore trois siècles après sa création, et se concentre dans les quartiers de la Croix-Rousse, Vaise, Saint-Just, les Brotteaux et la Guillotière. 

 

Si ce secteur estprédominant au XIXe siècle, il se trouve également à la base de nombreuses nouvelles vocations, notamment dans la chimie, la métallurgie et la mécanique, déjà convoquées dans le domaine du textile, pour la teinture, le blanchiment, ou la manutention et la création des métiers à tisser et autres appareils. Ainsi, Lyon devient le berceau historique de la chimie française à partir des années 1830. 

 

- Usine Descours et Cabaud, Guillotière, avant 1920 -

Les teinturiers Guimet inventent l’outremer artificiel en 1828, et les usines Perret, basées à Perrache, découvrent l’acide sulfurique en 1836.  Ces industries nouvelles cherchent à l’époque à s’implanter dans le quartier prospère de la Guillotière, qui voit ainsi sa population doubler, avec la construction de nombreux logements ouvriers. La première gare de marchandises lyonnaise va également y être construite.

 

En effet, Lyon devient aussi pionnière dans le domaine du chemin de fer, avec l’invention de la chaudière tubulaire, qui dédouble la puissance de traction d’une chaudière à vapeur, par Marc Seguin, qui fait également construire la première ligne ferroviaire Lyon Perrache– Saint Étienne, entre 1826 et 1832, dédiée au transport du charbon et de la houille. 

La navigation à vapeur prospère également sur la Saône et le Rhône dans les années 1820, avec des liaisons avec Seyssel, Chalon, et jusqu’à Arles et Marseille.

 

- Locomotive à chaudière tubulaire de Marc Seguin -

Cette industrialisation progressive de Lyon, contraint par ailleurs la ville à opérer des changements urbains divers pour s’adapter, notamment à un accroissement massif de la population, qui passe au cours du XIXe siècle de 130 000 à 177 000 habitants. De nouveaux quartiers sont alors créés à Croix-Rousse, aux Brotteaux et à Perrache, et des aménagements importants sont également effectués sur la Presque-Île. On note de plus une multiplication des établissements d’enseignement concernant les métiers de l’industrie.

 

Cette industrialisation se poursuit jusqu’à Villeurbanne à la fin du XIXe siècle, où débordent les activités florissantes du 3ème et du 6ème arrondissement, qui mutent structurellement et technologiquement, les poussant à s’étendre et à se déplacer en banlieue, en particulier dans les quartiers villeurbannais de Charpennes et de Cité Lafayette. Ainsi,Charpennes se spécialise dans la fabrication de tulle et de dentelle. La même chose s’opère à Vénissieux, qui offre de larges terrains vierges au bord du Rhône, idéals pour la production chimique. La société Perret-Olivier s’y installe en 1860 et devient la première productrice française d’acide sulfurique.

Cette industrialisation de la banlieue permet à de vieux quartiers comme celui des Brotteaux de quitter l’industrie pour développer des espaces résidentiels, qui seront habités par de riches industriels et banquiers, considérés comme les "nouveaux riches". 

 

- Fabrique de tulle et dentelle Kiemlé & Marcet, Villeurbanne -

On compte notamment parmi eux un riche soyeux, Humbert Isaac, créateur du quartier du Tonkin à Villeurbanne, dans le but d’édifier une cité ouvrière pour ses employés. En 1901, 559 établissements à caractère industriel sont recensés à Lyon, dont les branches principales sont la chimie, l’électricité et l’automobile.

 

L’arrivée de l’électricité, avec notamment en 1897 la création de la Société Française des Câbles Électriques de Lyon, entraîne de lourds travaux pour alimenter la ville, mais permet aussi le développement de l’industrie, en particulier dans les secteurs de la mécanique et de la métallurgie.


Tandis que l’automobile, prospère surtout dans le quartier de Monplaisir, où est créé en 1893 la première usine automobile de Lyon, par Maurice Audibert et Emile Lavirotte.

 

Les années 1890 marquent le véritable développement du secteur de la voiture sans chevaux à Lyon, grâce à des constructeurs déjà compétents, héritiers du savoir-faire de la sidérurgie et de la mécanique pour la construction des métiers à tisser.

 

En 1914, se tient à Lyon, du 1er mai au 1er novembre, l’Exposition Internationale Urbaine, visant à promouvoir le commerce et l’industrie. 

 

- Usine Automobile Audibert et Lavirotte -

Celle-ci a lieu dans le nouveau quartier de Gerland, dans le 7ème arrondissement, lieu industriel mixte, où cohabitent usines de produits chimiques, activité verrière, industrie du bâtiment (briqueteries, tuileries) et industrie animalière (abattoirs, marché à bestiaux). Cette manifestation est pensée par le maire Édouard Herriot et est organisée dans la fraîchement terminée halle Tony-Garnier. Malheureusement, l’exposition sera rapidement interrompue par le déclenchement de la Première Guerre mondiale.

 

- Affiche exposition internationale Lyon 1914 -

- Halle Tony Garnier en usine militaire 1914 -

 

De 1914 à 1945 :

 

L’industrie lyonnaise se met désormais au service de la Grande Guerre. Dès 1914, la halle Tony Garnier sert à la fabrication de canons, puis plus tard d’hôpital militaire. En effet, loin des frontières dangereuses, la région lyonnaise continue son développement et assure la fourniture en poudre et explosifs à l’armée.

 

La guerre donne également une fulgurante impulsion à la chimie régionale, qui se spécialise dans la production de phénol pour le chargement des obus et de gaz asphyxiants.


L’industrie automobile ne souffrira pas non plus de la guerre, la société Marius Berliet notamment, se charge de la production des célèbres camions blindés CBA, très largement utilisés sur le front.
 

- Soldats devant un Berliet CBA, 1917 -

En 1916 a lieu la Foire Internationale de Lyon, comme un hommage aux foires du XVIe siècle qui apportèrent autrefois à Lyon son dynamisme.

 

Édouard Herriot recrée ce projet dans le même but, et voit également en cet événement un moyen de s’affranchir de la tutelle économique de l’Allemagne en France.

 

Cette foire est pour lui "comme un acte de foi grandiose dans les destinées de la cité, de la patrie, et comme une riposte définitive à la Foire de Leipzig" (une des plus grandes foires commerciales d’Allemagne). 

 

La manifestation accueillera 1343 exposants, dont 142 étrangers pour cette première édition. Durant l’entre-deux-guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale, les grandes usines continuent toujours de s’excentrer progressivement en périphérie de la ville, vers Villeurbanne, Vénissieux ou encore Saint-Priest.

- Foire de Lyon, 1916 -

 

 

De 1945 à nos jours :

 

C’est la période d’après-guerre qui marque vraiment la désindustrialisation de Lyon. Le prix des terrains, le manque d’espace et les nuisances subies par les habitants poussent définitivement les entreprises à s’éloigner du centre. Même la population, qui cherche une meilleure qualité de vie, migre vers les banlieues pavillonnaires qui fleurissent.


Le nombre d’établissements encore gérés par des sociétés régionales diminue, le reste étant principalement dirigé par de grandes entreprises qui sous-traitent dans la région. L’essor du secteur tertiaire dans les années 1970, est également un facteur important de cette désindustrialisation. Le départ de la société soyeuse Rhodiacéta du quartier de Vaise, emblématique de la période prospère du secteur du textile, participe notamment à la fin de l’ère industrielle lyonnaise. À partir de 1960, la mécanique devient d’ailleurs la première branche d’activité à Lyon, devant le textile.

 

L’essentiel des établissements industriels se trouve désormais dans le quart sud-est de l’agglomération, où l’activité métallurgique et mécanique domine. Une tentative de rééquilibrage des implantations industrielles se produit entre 1975 et 1980, vers la zone nord-ouest, qui va tout de même connaître un fort développement, même si sa superficie industrielle restera relativement faible.

 

Cependant, le secteur de l’automobile connaît toujours une activité relativement prospère, en relation avec ceux de la mécanique et de la métallurgie. Les années 1950 sont appelées celles du "tout automobile".

 

C’est à partir de ce moment-là qu’une part grandissante de la population se dote de véhicules individuels, délaissant les transports en commun.

 

À cette période, la production automobile mondiale est multipliée par six. Mais Lyon se spécialise particulièrement dans la construction de poids lourds, dû à une forte demande de véhicules militaires qui n’a pas diminué depuis la fin de la guerre, et à des petites firmes qui n’arrivent pas à emboîter le pas aux géants Renault, Peugeot et Citroën.

 

- Garage Citroën, Lyon 7e, 1931 -

Ainsi, Berliet poursuit activement son développement, déjà installé comme constructeur poids lourd, et domine le secteur automobile lyonnais. L’entreprise sera l’une des seules del’automobile lyonnaise à subsister à la fin du siècle.

 

Finalement, de nombreux locaux sont abandonnés et deviennent des friches, principalement dans Lyon même et à Villeurbanne. Aujourd’hui, un grand nombre d’entre eux ont disparus, mais d’autres sont réutilisés, réhabilités ou récemment protégés au titre de Monuments Historiques comme par exemple le Garage Citroën dans le 7ème arrondissement depuis 1992, ou la Sucrière dans le quartier de la Confluence depuis 2004, qui témoignent encore de ce passé industriel.

 

Aujourd’hui, Lyon recompose petit à petit son héritage industriel, avec la mise en valeur d’espaces qui en témoignent, comme les quais de Saône et du Rhône, marqueurs historiques du commerce fluvial lyonnais, avec notamment l’ancienne gare d’eau du Port Rambaud, réhabilitée en 2017 pour devenir un espace dédié à l’organisation d’événements.

 

On note aussi des manifestations comme Silk in Lyon – le festival de la soie – une initiative visant à faire rayonner ce pan majeur de l’histoire industrielle lyonnaise et à le valoriser. Le patrimoine industriel lyonnais a été marqué par de nombreuses innovations, et continue d’évoluer de nos jours à travers la mémoire convoquée par des initiatives locales.

- Ancienne capitainerie, Port Rambaud, quartier de Confluence -

 

Carte de l'Industrie à Lyon en 1932 :

 

Vous trouverez en cliquant sur le plan la carte suivante :

   Plan "Les Cartes Industrielles de France : Rhône"

   publiée par la Société de Documentation Industrielle, 35 rue Saint-Dominique Paris VIIe, en 1932

   les relevés ont été effectués par Mr Saint-Denis, géomètre à Lyon

 

Les entreprises sont localisées sur la carte et triées par catégories :

  • Combustibles
  • Alimentation
  • Industries métallurgiques
  • Industries du textile et du papier
  • Industries chimiques du bois, du cuir, du bâtiment et diverses

 

- Les Cartes Industrielles de France : Rhône - Collection privée Dechelette -

 

Bibliographie

 

Fl.Berthet, A.Cigolotti, S.Wasserstrom : Atlas de l'aventure industrielle de l'agglomération lyonnaise - Agence d'Urbanisme – 2009

Michel Laferrère : Lyon ville industrielle - Presses Universitaires de France – 1960

Catherine Chambon : Lyon 8e arrondissement Histoire et métamorphoses - Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire – 2011

Pierre-Lucien Pouzet : La Grande Aventure Automobile Lyonnaise, pages 9 à 28 (Évolution Générale de l’Industrie Lyonnaise) - La Taillanderie - 2006 Pages 9 à 28

Mission Historique Ville de Lyon : ZOOM Rive Gauche – Ville de Lyon - 2004

Région Auvergne-Rhône-Alpes : https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/presentation-et-synthese-du-patrimoine-industriel-de-la-ville-de-lyon/0acf86dc-059e-4362-bebd-958d9ed9ac47

202 bulletins de la Société d’études et d’histoire de Lyon Rive Gauche : https://www.societe-histoire-lyon.org/rive-gauche-descriptif