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Le Palais Saint-Jean est un grand bâtiment trapu, situé le long du quai de la Saône, au Sud du chevet de la cathédrale Saint-Jean. Il fut longtemps le palais archiépiscopal de Lyon, c’est-à-dire la résidence et la base opérationnelle des archevêques. Sur une photographie aérienne, on est frappé par son caractère massif : le plan est presque carré. De l’intérieur, on a la même impression : il existe une cour, mais encombrée d’une annexe et presque indécelable, de quelque point de vue qu’on cherche à l’observer.
Une visite attentive du Palais permet de constater son caractère disparate : des éléments qui paraissent remonter aux XVIIIe ou XIXe siècles voisinent avec d’autres beaucoup plus anciens, quelquefois médiévaux. Et si les façades Est (celles qui donnent sur la Saône), Sud (avenue Adolphe Max) et Ouest (sur la vaste cour) sont soigneusement composées et homogènes, en revanche celle du Nord, qu’on peut apercevoir en longeant vers le Sud le quai de la Saône, est bien plus hétéroclite.
De son passé de Siège archiépiscopal, le palais conserve sa majesté et une certaine solennité ; mais les archevêques en sont partis depuis cent-dix ans. Ils ont été remplacés par de nombreux organismes aux activités variées, parmi lesquels on peut citer :
la Bibliothèque municipale du Ve arrondissement de Lyon, dans le bâtiment formant l’angle entre l’avenue et le quai, au rez-de-chaussée et en sous-sol;
Quant au jardin, il n’a plus de jardin que le nom. Désormais réduit à un rectangle de gore, il attend que le service des espaces verts le remette en état, ce qui ne paraît pas encore à l’ordre du jour. Comment en est-on arrivé là ? C’est dans l’Histoire qu’il faut chercher des réponses, une histoire dont tous les chroniqueurs soulignent la complexité.
Le Palais Saint-Jean est bien plus ancien qu’un examen superficiel ne permettrait de le soupçonner.
Les archives attestent d’origines remontant au Moyen-Âge : un premier palais épiscopal, désigné dans les textes sous le nom de domus ecclesiae, est décrit par Grégoire de Tours, puis Leidrade ; mais il a complètement disparu et on ne peut l’identifier au bâtiment actuel : ni les sources disponibles, ni les fouilles effectuées dans la zone n’ont permis de situer avec précision son emplacement.
La partie la plus ancienne du bâtiment actuel est pourtant incontestablement médiévale : elle est réputée avoir été construite sous l'épiscopat de Humbert (archevêque de Lyon de 1052 à 1056).
Dans les sous-sols, subsistent quelques éléments du XIIème siècle, comme le signale François-Régis Cottin dans la monographie fort savante qu’il a consacrée au Palais. Après cela, le Palais ne cessera jamais d’être remanié.
Mais à l’aube du XIIIe siècle, Renaud de Forez transfère le siège archiépiscopal au château de Pierre-Scize. Le palais Saint-Jean se trouve alors affecté pour plusieurs siècles à d’autres usages. Puis, au déclin du XVe siècle, le roi de France, ayant réquisitionné le château de Pierre-Scize, en chasse l'archevêque Charles de Bourbon, qui finit par installer son siège dans le palais Saint-Jean.
Vers 1466, il le fait lourdement rénover dans le style alors en vogue, celui de la première Renaissance, une sorte de gothique tardif. Ce style est repérable aux baies de la façade donnant sur l’avenue Adolphe Max, ainsi qu’à la plus grande partie de la tour-escalier. Il est à noter que la couverture de celle-ci est beaucoup plus récente : si son style est bien gothique, il s’agit d’une imitation du XIXe siècle. Ce pastiche a été contesté à l’époque mais il exprime une tendance de l’architecture d’alors.
Quelles parties de ce bâtiment peut-on légitimement considérer comme incluses dans le Palais Saint-Jean ?
La réponse ne va pas de soi. Historiquement, le Palais a été la résidence des archevêques. Strictosensu, les Manécanteries, propriétés du Chapitre de Saint-Jean, n’en font donc pas partie. Pourtant, dans le dossier que les Archives Municipales lui ont consacré, la Nouvelle Manécanterie est présentée comme faisant partie du Palais.
Le Palais archiépiscopal comptait parmi les édifices les plus prestigieux de la ville. C’est ici que les rois de France qui faisaient une entrée solennelle à Lyon étaient accueillis par les plus hautes autorités religieuses de la ville ; c’est généralement ici qu’ils logeaient.
En conséquence, le palais a toujours été tenu en parfait état ; il a fait sans cesse l’objet de nouveaux embellissements. C’est ainsi qu’en 1564, en prévision de la venue du roi Charles IX, le cardinal Hippolyte d’Este le fait rénover une nouvelle fois et fait construire une grande galerie.
En 1664, le cardinal Camille de Neuville fait à son tour construire une galerie pour abriter sa très riche bibliothèque, étrennant avec deux siècles d’avance une vocation du palais alors nouvelle, mais aussi en prévision de la venue d’un roi de France.
Cette tradition de faire du palais la maison d’accueil des hôtes de très haut rang se maintiendra jusqu’au XIXe siècle : ainsi, de passage à Lyon en 1805, l’empereur Napoléon 1er logera lui aussi au Palais Saint-Jean.
Le XVIIIe siècle est celui des académies. Fondée en 1700, l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, ambitieuse société savante aux multiples facettes, se réunit au Palais Saint Jean à partir de 1717.