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LE PALAIS SAINT-PIERRE

 

Ce beau bâtiment revêt un double intérêt. Son passé comme abbaye et sa fonction de musée. Dans son ensemble, cet édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 28 mai 1927.  Sa façade ainsi que les toitures n’ont été classées aux Monuments Historiques que le 8 août 1938.

 

Histoire de L’Abbaye

 

La date de la fondation de cette abbaye n’est pas connue.  D’après Ennemond, évêque de Lyon au VIIe siècle, le monastère des Dames de Saint-Pierre existait déjà depuis le Vee siècle, situé sans doute en un autre lieu. Une opération de fouilles effectuées en 1999, lors des travaux  de réaménagement du musée révèle une occupation antique concernant une habitation mais ne permettent pas de se prononcer sur les origines du couvent. Différents éléments constatés ont poussé les archéologues à conclure que la fondation du couvent n’est pas antérieure à l’époque carolingienne.

 

Leidrade, archevêque de Lyon fait mention dans une lettre à Charlemagne, en 810, du monastère et de l’église Saint-Pierre qu’il aurait fait entièrement reconstruire à la fin du VIe siècle. Il précise également que l’abbaye, connue à cette époque sous le nom de Saint-Pierre les Nonnains compte 32 moniales régissant 180 domaines ruraux. En 830, le livre de Reichenau parle de 42 moniales, mentionne le nom de l’archevêque et le nom de quatre moines qui célébraient probablement l’office divin à Saint-Pierre.

Reichenau était une abbaye d’hommes située sur une île du  lac de Constance, fondée en 724 par les Bénédictins et  avec laquelle les moniales de Saint-Pierre avaient  passé un pacte de confraternité religieuse.

 

Durant le Haut Moyen Age  le grand monastère était un des plus importants centres culturels et scientifiques. C’est à Reichenau que  naquit la civilisation médiévale du IXe au XIIe siècle. Le courant d’échanges et de culture fut  donc particulièrement important pour la vie lyonnaise. Il est dissout en 1803,  à cause des lois de sécularisation. Aujourd’hui une petite communauté de moines bénédictins vit à nouveau sur l’île de Reichenau. Ce site est inscrit à l’UNESCO depuis 2000.

 

L’abbaye lyonnaise est connue au Moyen Age sous le nom de « Monasterium sancti Petri puellarum » ("monastère des filles de Saint-Pierre") ou encore "Ecclesia que dicitur Sancti Petri puellarum" ("l’église qui se nomme des filles de Saint-Pierre").  Il semble qu’elle ait disposé de deux églises. L’église conventuelle, Saint-Pierre, est de style roman. Juste à côté, fut construite au VIIIe siècle, sous l’abbesse Dide,  la chapelle Saint-Saturnin ou Saint-Sornin, plus petite, dont les moniales perçoivent les revenus.  A l’origine l’église Saint-Pierre est à la fois une église conventuelle et paroissiale. Saint-Saturnin ne deviendra église paroissiale qu’en 1173. C’est une abbaye très riche dotée de nombreuses terres à proximité de Lyon et dans la région lyonnaise. La dizaine de domaines ruraux ou prieurés est répartie dans la région lyonnaise, tels les domaines de la Tour du Pin, déjà existant sous Ennemond, de Villebois, de Ceyzérieu, de Saint-Priest, etc, ainsi qu’un vaste domaine dans les Dombes.

 

Comme on peut le voir sur le plan scénographique de 1550, l’espace occupé par l’abbaye était plus vaste et débordait sur les rues actuelles, occupant le quadrilatère des Terreaux occupé aujourd’hui par le Palais Saint-Pierre, l’église Saint-Pierre, ainsi que les maisons situées au nord de la rue du Plâtre, et sur le côté sud-ouest de la rue Joseph Serlin. Le monastère était situé au bas des pentes de la Croix-Rousse et couvrait également une grande partie de terres peu urbanisées.

 

Les moniales qui régissent l’abbaye sont issues de la noblesse, des familles des comtes du Forez, des Comtes de Lyon, des Comtes de Savoie et de la Maison de Beaujeu. On citera Adaltrude, qui administra l’abbaye au milieu du Xe siècle, fille du Comte du Forez et sœur de Hugues alors Abbé d’Ainay, comme étant l’illustration de l’influence de ces familles sur les grandes abbayes. Le Roi de France lui-même imposera des candidates dès le XIVe siècle. Elles forment une assemblée, appelée le chapitre, qui élit l’abbesse. L’abbesse ainsi désignée à vie et qui porte la crosse est sous l’autorité du pape et non pas sous celle de l’archevêque de Lyon. Elle administre les biens du couvent.

 

Durant le XIVe siècle des relâchements apparaissent dans la vie communautaire. Des sœurs habitent en dehors des couvents, dans des hôtels particuliers spacieux et le chapitre ne se réunit plus qu’une fois par an.  En 1503, Louis XII et la reine Anne de Bretagne, de passage à Lyon, entendent parler de la mauvaise conduite des moniales. Elles sont sommées de reprendre une vie de clôture dans l’abbaye et de se plier à la règle de Saint-Benoît. Mais les sœurs jugent la réforme trop dure. Soutenues par leurs familles elles font appel au Pape puis manifestent leur mécontentement devant la reine Claude de France. La décision est alors prise de les expulser. L’abbaye conserve ses richesses mais perd peu à peu son indépendance et ses privilèges. Des filles de familles moins prestigieuses remplacent les moniales expulsées. Finalement, en 1637, l’abbaye passe sous l’autorité de l’archevêque de Lyon et les abbesses seront nommées par le roi.

 

C’est Anne de Chaulnes, alors abbesse, qui décide en 1659 de reconstruire cette abbaye qu’on nomme alors l’Abbaye royale des Dames de Saint-Pierre. Nous verrons dans la rubrique Architecture le détail de sa réalisation. L’abbaye tirera aussi des revenus importants en louant à des commerçants les échoppes aménagées au rez-de-chaussée du palais. A cette époque, l’abbaye est une des plus riches de France.

 

A la Révolution Française, en 1792, la trentaine de moniales encore présentes est expulsée, les congrégations religieuses étant supprimées par le décret du 6 août 1792. Heureusement, le palais ne sera pas détruit ni modifié. Seuls des décors intérieurs disparaissent lors de l’installation d’une caserne à l’intérieur du bâtiment et malheureusement, l’église Saint-Saturnin est détruite.

 

En 1801,  la bourse de commerce s’installe en ces lieux et n’en partira qu’en 1860 pour rejoindre le palais de la Bourse inauguré cette même année. L’arrêté Chaptal, créé, le 1er septembre 1801, un musée des beaux-arts à Lyon. Sur arrêté préfectoral, il est installé dans l’ancienne abbaye en 1802, au premier étage de l’aile Sud, dans l’ancien chauffoir de l’abbaye. En 1835, la faculté des sciences s’installe dans une partie de l’ancienne abbaye. La faculté de lettres fera de même en 1838.

 

Architecture

 

Comme nous l’avons vu dans la rubrique Histoire de l’Abbaye, nous devons ce palais à Anne de Chaulnes, fille du maréchal et pair de France Honoré d’Albert, nommée abbesse en 1649. Une fois l’Hôtel-de-Ville édifié il s’avérait nécessaire de  dessiner une belle place des Terreaux. L’abbesse profite de l’occasion pour demander une subvention à la ville dans le but de construire un nouveau monastère. C’est ainsi qu’elle décide en 1659, de reconstruire cette abbaye qu’on nommera alors l’Abbaye royale des Dames de Saint-Pierre.

 

Le célèbre architecte de la ville d’Avignon, François Royer de la Valfenière, alors âgé de 81 ans, est chargé de la réalisation de ce palais. On lui doit la façade monumentale longeant la place des Terreaux et les deux façades latérales. Au décès de l’abbesse, en 1672, deux ailes restent à construire et l’intérieur n’est pas encore à décorer. Sa sœur Antoinette de Chaulnes, qui lui succède, mènera les travaux à bonne fin. Les travaux de décoration intérieure se termineront durant  l’abbatiat de Guyonne de Cossé Brissac au début du XVIIIe siècle.

 

Ce bâtiment qui était destiné à border une place dont les autorités voulaient l’embellissement, posa une sérieuse difficulté pour l’architecte désigné, François de la Valfenière, probablement aidé  de son fils Paul. Comment respecter la sobriété d’un monastère qui se passe de fenêtre et n’ouvre sur le monde que par une porte ?

 

L’évêque accepta des fenêtres au premier étage à condition que celles-ci possèdent un appui assez haut pour empêcher les moniales de voir au-dehors.

 

Les nouveaux plans d’alignement, en retrait de la propriété existante, incite l’architecte à concevoir un quadrilatère réorienté vers le nord et délimité par l’abbatiale. La façade au sud longe la place des Terreaux. Les travaux sont supervisés par Paul de la Valfenière, fils de l’architecte. La construction est réalisée par le maître-maçon Jacques Maréchal.  Malgré la simplification du plan original qui prévoyait des coupoles aux deux extrémités de la façade, les moyens financiers du monastère s’épuisent et plusieurs prieurés devront être hypothéqués pour terminer les travaux.

 

La première pierre est posée en 1659. François de la Valfenière décède en 1667,  sans avoir vu la réalisation complète de son œuvre.  L’abbesse Anne d’Albert de Chaulnes, qui meurt en 1672 ne verra pas non plus la fin de son projet.

 

Le peintre et architecte lyonnais Thomas Blanchet, qui est l’auteur des plafonds et murs de l’Hôtel de Ville, va réaliser le grand escalier d’honneur et la décoration baroque du réfectoire. Il confie la réalisation des armoiries aux sculpteurs Simon Guillaume, Nicolas Bidault,  Marc Chabry et au peintre Louis Cretey.

 

Cet édifice, en particulier la cour intérieure de l’ancien cloître,  fut restauré et aménagé sous le Second Empire. Il fut réhabilité durant les années 1990.

 

La Façade

 

La façade en pierre de taille colorée qui longe la place des Terreaux est composée de trois pavillons. Le grand pavillon central, sur sept fenêtres de large, était l’hôtel particulier de l’abbesse.

La porte, flanquée de deux colonnes doriques, est aujourd’hui l’entrée du Musée. A chaque extrémité du bâtiment, un grand pavillon correspond à la largeur des ailes latérales. Sur ces deux pavillons, une corniche à mi-hauteur sépare les magasins dans la partie basse et le couvent situé aux étages. Une vingtaine de pilastres rythment  la façade.

 

Les ouvertures du rez-de-chaussée sont surmontées par des oculis rectangulaires. Les deux étages sont percés de grandes baies. Le toit, en terrasse, est coiffé d’un belvédère à trois fenêtres.

 

L'Église Saint-Pierre des Terreaux

 

Cette église conventuelle, probablement fondée au VIIe siècle, abrite aujourd'hui les sculptures du Musée des Beaux-Arts et possède une étroite façade du XIIe siècle, donnant rue Paul Chenavard. Elle a été classée, ainsi que le porche et les deux portes, au titre des monuments historiques  le 16 février 1921. Les vantaux de bois sont du XVIIIe siècle.

 

De cette époque, on peut admirer des fenêtres retrouvées dans le passage intérieur et le splendide porche. Des chapelles latérales sont ajoutées au XIVe siècle. L'état actuel est celui conçu au XVIIIe siècle par l'architecte A. Degérando (actif à Lyon de 1731 à 1773) qui agrandit le chœur, édifie le clocher et réalise le décor fait d'arcs et de pilastres.

 

En 1802, l’église disparaît de la liste des biens nationaux grâce à la Ville de Lyon qui la récupère. L’édifice est réaffecté au culte et devient église paroissiale.

 

Désaffectée en 1907, elle est actuellement rattachée au Palais Saint Pierre, elle accueille désormais  sous l’ancienne nef, les sculptures du XIXe siècle et du XXe siècle du Musée des Beaux-Arts.

 

Le Porche de l'Ancienne Abbaye

 

Ce seul vestige de l’ancienne abbaye est un des plus beaux porches représentatif de l’architecture médiévale. Il fut construit au XIIe siècle sous l’abbesse Rosalinde qui fit reconstruire l’église avec son clocher. La voûte en plein cintre comporte deux archivoltes dont  les pierres claires et sombres alternées illustrent bien l’art roman. L’archivolte extérieure est supportée par deux pilastres carrés qui s’ornent chacun d’une fleur à cinq pétales, rappelant la quinte ou religion lunaire. Par contre celle qui est située à l’intérieur repose sur deux colonnes à chapiteaux ornées de têtes énigmatiques. A gauche une créature à la gueule entrouverte sur une rangée de dents pouvant représenter un homme-lion, entouré de deux têtes d’hommes au visage rond, dont il manque un quart, des hommes-lunes, le lion central étant par contre l’animal solaire. Ces figurations signifient que l’Eglise s’est établie sur deux courants religieux. A droite, deux têtes d’animaux émergent d’une vasque circulaire, agrippant leurs pattes antérieures sur sa bordure comme pour la ronger.

 

La porte en bois sculpté date de la construction de l’abbaye. Elle comporte deux battants surmontés d’une imposte en demi-cercle ornée des armes du souverain pontife, formées d’une tiare surmontant deux clés croisées posées en sautoir. Sur les pênes de ces clés on peut voir les lettres IHS, Iesus Hominum Salvator – Jésus sauveur des hommes. La lettre H supportant une croix est une représentation typique des IHS du XVIIe siècle. On peut aussi voir, au-dessus des armes papales, une poire renversée.

 

Le Réfectoire

 

Les décors intérieurs du réfectoire et de l'escalier d'honneur sont les seuls décors du XVIIe siècle qui subsistent, témoins du projet d’Antoinette de Chaulnes. Le réfectoire est une pièce de 25 mètres de long sur environ 10 mètres de large, voûtée à pénétrations. Eclairée au sud par sept fenêtres. On doit l’iconographie de ces deux éléments représentatifs de l’art baroque à Lyon au XVIIe siècle, à Thomas Blanchet nommé peintre officiel de la ville de Lyon en 1675 qui confia le décor au sculpteur Simon Guillaume et au peintre Louis Cretey.

 

Les reliefs en stuc ont été effectués par Simon Guillaume, élève de Bernin, et Nicolas Bidaut. Les tableaux La Multiplication des Pains et La Cène ont été réalisés par Pierre-Louis Cretey, ainsi que des peintures circulaires sur enduit aux rencontres des pénétrations. Les peintures circulaires représentent des sujets de type céleste, le Prophète Elie enlevé au ciel sur un char de feu, l’Ascension du Christ et l’Assomption de la Vierge. Les stucs sont des représentations de vertus monastiques, des saints protecteurs de la ville de Lyon, de l’abbaye et de l’abbesse, des scènes de la vie du Christ et de la Vierge. Les blasons que l’on découvre à différents endroits dans la salle et au plafond et en particulier ceux du roi de France et d’Anne et Antoinette de Chaulnes sont l’œuvre de l’artiste Marc Chabry.

 

Les sculptures de Simon Guillaume représentent des vertus chrétiennes telles la Chasteté ou la Tempérance, des femmes de l’Ancien Testament comme Esther ou Judith, des Saints de la tradition chrétienne ou protecteurs de la ville ou de l’abbaye ainsi que l’illustration d’épisodes de la vie du Christ.

 

La première campagne de restauration fut lancée en 1870-1875. Suivirent celle de 1946-1947 et 1996-1998. Cette dernière permit le nettoyage des hauts-reliefs en stuc de Simon Guillaume. C’est enfin en 2010  que deux équipes de restaurateurs, dirigées par Catherine Lebret, restaurent les deux grandes peintures monumentales du réfectoire. Florence Cremer de son côté, se charge des peintures de voûte. Tous ces travaux de refixage par pression des écailles de peintures sur enduits, de dépoussiérage, puis de retente des toiles ayant subit les variations du taux d’humidité, de traitement des déchirures et autres détails techniques de restauration nous permettent d’admirer aujourd’hui ce magnifique décor qui bénéficie de nouvelles mesures de conservation adoptées par le musée.

 

L'Escalier d'Honneur

 

Il a été réalisé par le peintre et décorateur Thomas Blanchet (1614-1689) qui était aussi architecte et sculpteur. Sur les grand frontons, des figurines féminines, groupées deux par deux, représentent les huit béatitudes énoncées par Jésus-Christ, comme on peut le lire dans l’Evangile selon Saint-Mathieu.

 

A l’ouest, c’est-à-dire à droite sur le palier du premier étage, sont illustrés l’esprit de pauvreté et la douceur. Au sud, on peut voir l’affliction et la soif de justice symbolisées par la balance tenue par une femme. A l’est sont figurées la pureté de cœur et la miséricorde et au nord sont illustrés l’esprit de paix avec son rameau d’olivier ainsi que la patience dans les persécutions.

 

Au-dessus des portes, vraies ou fausses, des enfants représentent les vertus monacales que sont la chasteté, la docilité, l’obéissance et la pauvreté. Aux quatre coins de la voûte des figures ailées soufflant dans des trompettes, que l’on appelle « renommées  », distribuent des couronnes de lauriers pour proclamer la gloire de l’abbaye et de son abbesse.

 

L'Escalier Monumental

 

On ne peut omettre de parler de cet escalier situé dans l’angle sud-est et qui dessert les deux étages de l’édifice. Il fut rénové par l’architecte Abraham Hirsch au XIXe siècle à la demande d’Edouard Aynard  alors Président du conseil d’administration du Musée et dont l’ambition était de faire de ce musée lyonnais « le premier de France après le Louvre ». Il en confia le décor peint à Puvis de Chavanne.  On peut y admirer la « Vision antique » et « Le Bois cher aux arts et aux muses », huile sur toile marouflée.

 

Les Jardins

 

Le cloître et ses jardins furent remaniés en 1884, pour leur donner leur aspect actuel, par les architectes René Dardel et Abraham Hirsch.

 

L’abbaye Saint-Pierre les Nonnains est devenue le Palais Saint-Pierre, et les seules beautés nues que l’on y rencontre aujourd’hui sont celles des statues qui ornent le Musée des Beaux-Arts et ses jardins, véritable salle d’exposition à ciel ouvert. Nous vous invitons également à découvrir des statues d’Auguste Rodin, d’Emile Antoine Bourdin, de Léon Alexandre Delhomme, de Jean Larrivé et de quelques autres sculpteurs.

On peut y voir également des fragments d’architectures antiques.

 

Cet îlot de verdure, protégé des bruits urbains par les murs séculaires, couvre environ 1.200 m2. Les allées du jardin sont ombragées grâce au grand chêne, bouleaux et tilleuls odorants. Les bancs installés sous leurs frondaisons appellent à la détente et au repos.

 

Au centre se trouve le bassin circulaire surmonté d’un sarcophage antique et d’une petite statue du dieu grec Apollon,  dieu des arts, d’après Jean Baptiste Vietty.

 

La balustrade des terrasses donnant sur le jardin, au-dessus des arcades de l’ancien cloître, est en pierre ornée de statues et de vases décoratifs.  

 

Un salon de thé-restaurant, situé à l’étage, permet de profiter de la terrasse et d’avoir une vue d’ensemble du jardin. Au-dessus des arcades ont été installés des médaillons de bronze où sont illustrés des artistes lyonnais sur fond de mosaïque, en alternance avec des moulages de frises grecques du Parthénon et des Néréïdes, comme Philibert de L’Orme architecte, Jean Hippolyte Flandrin peintre, Antoine Coysevox sculpteur, Jean-Jacques de Boissieu peintre-graveur, et quelques autres.

 

Le Musée des Beaux Arts

 

Comme nous l’avons mentionné à la fin de l’Histoire de l'Abbaye, cette abbaye bénédictine du XVIIe siècle n’a été ni vendue ni détruite sous la Révolution grâce à sa proximité avec l’Hôtel de Ville. Créé sous le Consulat, le musée s’installe donc dans le couvent, en 1791. Le directoire du District décide de faire de ces bâtiments un lieu de conservation des « tableaux, médailles, bronzes et autres monuments des arts » provenant des séquestres révolutionnaires et confie au peintre Philippe-Auguste Hennequin et au père Joseph Janin  la tâche de les inventorier. La nécessité de créer un musée s’impose pour présenter les œuvres ainsi répertoriées. Le décret Chaptal du 14 fructidor, an IX (1801), qui prévoit de créer des dépôts en province et d’envoyer des tableaux dans 15 villes concrétise ces aspirations locales. Ce sera l’acte fondateur du Musée des Beaux-Arts. En 1803, le Musée du Louvre envoie plus de 100 tableaux de peintres célèbres tels Pierre Paul Rubens ou Philippe de Champaigne. D’autres dépôts arrivent également de la part de l’Etat. En plus de deux cents ans, le fond existant et le produit de legs, donations et acquisitions venant peu à peu enrichir les collections, ont permis à ce musée de devenir l’un des premiers musées de France.

 

Aujourd’hui, dans ce Musée des Beaux-Arts de Lyon, les collections encyclopédiques présentent un panorama de grandes civilisations et d’écoles artistiques de l’Antiquité à nos jours répartis en cinq départements et soixante-dix salles. Ceci permet aux visiteurs de parcourir 5.000 ans d’histoire et d’art. La surface est d’environ 14.500 m2. Des expositions internationales et des activités culturelles sont régulièrement proposées, s’adressant à tous les publics.

 

Grâce à des donations, legs ou acquisitions, les collections de ce musée s’enrichissent régulièrement. Ces dernières années des œuvres de Poussin, Soulages, Ingres, Fragonard sont entrées au musée.

 

Les Antiquités

 

Le département des Antiquités, situé au 1er étage, permet de découvrir l’archéologie du Bassin Méditerranéen, de l’Egypte pharaonique à l’Empire romain.

 

On découvre également, dans la galerie du Proche et du Moyen-Orient, les grandes civilisations de la Mésopotamie, l’Iran, la Perse, Chypre et la Syrie.

 

Dans la dernière section des antiquités grecques, d’Italie méridionale, d’Etrurie et de l’Empire romain s’offrent à la vue des visiteurs, notamment la sculpture grecque, la Koré, (qui signifie "jeune fille"), reconnue comme membre des korès de l’Acropole, dédiées à Athéna, un des chefs d’œuvres du musée.

 

Les Sculptures

 

Comme nous l’avons constaté en visitant les jardins, on peut y admirer bon nombre de sculptures. En pénétrant à l’intérieur du musée on découvre les collections présentant une évolution de la sculpture  depuis le Moyen Age jusqu’à la Renaissance.

Le XIXe siècle et la première partie du XXe siècle tiennent une place importante avec un ensemble d’œuvres de Joseph Chinard ou d’Antoine Bourdelle. Dans la chapelle, ce sont des chefs-d’œuvre de James Pradier et d’Auguste Rodin qui retiendront l’attention. Les œuvres de ce dernier artiste constituent l’un des ensembles les plus importants de France, après celui du Musée Rodin, qui illustrent les différentes époques et facettes de sa création.

 

Les Peintures

 

Au deuxième étage du musée nous entrons dans l’univers des plus grands artistes européens, depuis le XIIIe siècle jusqu’à nos jours. Pour les peintures du XIIIe au XVIIIe siècle, on peut admirer des œuvres du Tintoret, du Pérugin, de Véronèse, de Rembrandt, de Rubens, de Jordaens, ainsi que quelques œuvres de peintres allemands et espagnols d’une qualité exceptionnelle.

 

Concernant le XIXe siècle, les toiles des plus grands maîtres sont exposées tels Ingres, Géricault, Delacroix, Courbet. Le musée présente également une belle sélection de peintres lyonnais avec les œuvres de Fleury Richard, Pierre Révoil, Hippolyte Flandrin et Louis Janmot.

 

Dans le Salon des Fleurs, une collection de tableaux de fleurs a été réunie dès l’origine du musée. Cet ensemble avait pour objectif de proposer des modèles aux dessinateurs en soierie. Ce fait évoque bien les liens que le musée entretenait avec l’industrie de la soie au XIXe siècle.

 

En poursuivant la visite, on découvre les impressionnistes, les peintres d'avant-garde de la fin du XIXe siècle et des réalisations de Manet, Renoir, Degas, Monet et Van Gogh.

 

Le XXe siècle est illustré par les œuvres de Braque, Chagall, Matisse, de Staël, Bonnard, Dubuffet. En 1997, le legs de l’actrice et collectionneuse Jacqueline Delubac ajoute aux collections du Musée des œuvres maîtresses de Léger, Picasso, Bacon, contribuant à faire du musée lyonnais l’un des plus prestigieux musées d’Europe.

 

Les Objets d'Art

 

Orfèvrerie, ivoirerie, émaillerie, verrerie, menuiserie et ébénisterie sont autant de techniques représentées dans ce département. Une place importante est réservée aux collections d’Art. On y trouve également une collection exceptionnelle de céramiques extrême-orientales de grès coréens, chinois et japonais.

 

L’Art Nouveau est illustré par la Chambre de Mme Guimard, réalisé par Hector Guimard, son époux et célèbre représentant de ce mouvement artistique.

 

Le Médaillier

 

Présenté dans son cadre original de 1830, ce médaillier rassemble près de 50.000 médailles et monnaies, bijoux précieux et trésors de toutes époques. Cette collection de monnaies est la deuxième de France après celle de la Bibliothèque nationale de France à Paris. On peut y admirer la pièce en or de Vercingétorix ou celle de Dagobert, frappée par Saint Eloi.

 

Découvert en 1993, lors des travaux de construction du parking souterrain situé sous le musée, le trésor des Terreaux, enfoui en pleine guerre de Cent Ans, peu avant 1360, comprend 543 pièces de monnaies en or et argent. Cet ensemble spectaculaire est visible dans ce département.

 

 

 

Sources

 

Sylvie Ramond Le Musée des Beaux-Arts de Lyon - Fondation BNP Paribas, Musée des Beaux-Arts, Réunion des musées nationaux - 2013
Jacques Beaufort Vingt siècles d’architecture à Lyon - Jean-Pierre Huguet Editeur - 2009
Nicolas Jacquet Façade Lyonnaise –Editions les Beaux Jours - 2008
Site https://whc.unesco.org/fr/list/974
Site http://www.archeologie.lyon.fr