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La place Bellecour est la place la plus importante de Lyon et la quatrième plus grande place de France avec une taille de 310 par 200 mètres, soit environ 62.000 m2. Ses dimensions dépassent celles du Zocalo de Mexico (44.160 m2 et de la place Rouge de Moscou (23.100m2). C'est également la place piétonne la plus immense d'Europe, les véhicules circulent autour de la place. Au centre de la place se trouve une statue en bronze de Louis XIV.
Cette place est située entre le Rhône et la Saône et dans le deuxième arrondissement de Lyon. Elle constitue le point kilométrique zéro : toutes les distances sont comptées à partir de ce point. Elle situe également une altitude de référence pour la ville soit 170 mètres.
De cette place partent trois grands axes majeurs de la Presque’Ile, dont deux piétonniers : rue de la République qui mène à l’Hôtel de Ville et à l’Opéra, rue Victor Hugo qui mène à Perrache et rue du président Edouard Herriot qui mène à la place des Terreaux.
Sur la place nous trouvons une statue équestre de Louis XIV accompagnée, à ses pieds de deux statues allégoriques créées en 1720 : la Saône de Nicolas Coustou et le Rhône de Guillaume Coustou.
Sur le pourtour se dresse la statue du " Veilleur de Pierre", statue érigée à l’ endroit de l’explosion d’ une bombe posée par la résistance lyonnaise le 26 juillet 1944.
Le mémorial du Veilleur de Pierre a été réalisé par l’architecte Louis Thomas et le sculpteur Salendre.
On y voit la mention "Passant, va dire au monde qu'ils sont morts pour la liberté". À l’ouest, une statue de saint Exupéry assis devant le Petit Prince a été posée en 2000 pour le centenaire de la naissance du célèbre Lyonnais.
Revenons à la statue équestre : Louis XIV, séduit par la place Bellecour en 1658, l'a choisie pour y installer, en son centre, sa statue. Le projet adopté par le roi, le 21 mai 1713, consacre la position du monument au centre d’un rectangle délimité sur trois côtés par des arbres.
Robert de Cotte, l'architecte royal, précise : la statue sur le piédestal regarde au nord, passage le plus fréquenté par la communication des deux ponts du Rhône et de la Saône, pour être vue de face. Cette première statue fut créée en 1713 par Martin Desjardins, mais elle fut détruite en 1793 afin d’en faire des canons pour la Révolution.
En 1825,une nouvelle statue de Louis XIV, du lyonnais François-Frédéric Lemot, prend place. Coulée à Paris, elle est transportée à Lyon en douze jours, sur un attelage tiré par vingt-quatre chevaux et mise en place le 29 octobre. Elle mesure 5,70 m de haut et pèse 15 tonnes.
L'entrée de la statue dans la ville fut une occasion de fêtes qui attirèrent beaucoup de spectateurs. Les statues du Rhône et de la Saône réalisées en 1714 par les frères lyonnais Guillaume et Nicolas Coustou furent cachées pendant la Révolution à l'Hôtel de Ville et replacées en 1826. Le piédestal dessiné par Jules Hardoin-Mansard, orné d'appliques de bronze de Chabry fut rebâti.
François-Frédéric Lemot, (Lyon 1771, Paris 1827) a réalisé la statue d'Henri IV pour le terre-plein du Pont-Neuf à Paris en 1818, celle de Louis XIV à Lyon, et les "lions" situés place Sathonay.
La petite histoire veut que, réalisant qu'il avait oublié de faire des étriers à la statue de Bellecour, il se soit suicidé, mais c'est totalement faux : Louis XIV est représenté à la romaine, donc à cru, sans selle ni étriers.
Quant à François-Frédéric Lemot, il est mort quelques années après avoir achevé la statue de mort naturelle en 1827.
La place a connu plusieurs noms : place Louis-le-Grand, place de la Fédération, Place de l'Egalité, place Royale et enfin place Bonaparte ou même Bella Curtis. Malgré ce que l’on pourrait croire, la place Bellecour est née relativement tard dans l’histoire de Lyon, bien qu’elle y ait un poids indéniable. En cela, elle suit bien l’histoire des places publiques.
A l’époque gallo-romaine, le quartier de Bellecour est une île formée de terres alluviales.Sur la presqu’île, il n’y avait alors aucun signe de cette place : il semble que c’était un foyer commercial, le côté nord de la place étant occupé alors par des entrepôts d’amphores de vins des négociants, centre de la vie active de Lugdunum.
Mais après une crue exceptionnelle au début de notre ère, toute cette vie commerciale disparut, entraînant magasins et statues sur son passage, ne laissant derrière elle qu’un terrain vague et irrégulier, sans forme, et ne tarda pas à devenir un dépôt d’ordures. On y a retrouvé des canabae, baraques qui servaient d’entrepots aux négociants.
L’effondrement de l’Empire Romain en 476 entraîne la décadence des villes. De fait, au Moyen âge, il n’y pas de tradition de places monumentales en raison de la rareté du terrain à l’intérieur des enceintes fortifiées.
Certes, des places peuvent exister mais à l’extérieur des portes. Lyon au Moyen-Âge n’a pas encore de place toute désignée. La fonction de place est alors remplie par les parvis des églises ainsi que les ports. Les places sont ainsi absentes de la vie lyonnaise jusqu’au-delà de la Renaissance. A cette époque, ce qui deviendra la place Bellecour, n’est qu’une zone marécageuse, transformée en décharge publique, et envahie régulièrement par le débordement du Rhône et de la Saône.A la fin du XIIe siècle, l’archevêque de Lyon possède une vigne appelée bella curtis (beau jardin) qui sera abandonnée et l’ endroit redeviendra marécageux. Puis, au début du XIIIe siècle, avec l’extension de la ville, le site devient attractif et devient un pré où l’on installe des bergeries, d’où le nom de "Belle Cour" ou "Pré de Belle Cour".
En 1562, le baron des Adrets attaquant Lyon, achètera le Pré de la Belle Cour, assèchera les marais et y installera ses hommes d’armes durant l‘occupation protestante. Aux environs de 1604, Henri IV demande au Consulat de l’acquérir en vue surtout d’en faire une place d’ armes et il faudra attendre 1604 pour que l’acquisition d’une parcelle soit effectuée. Le Pré est alors défriché et agrémenté de quelques promenades et tilleuls. Mais sur un plan de 1626, il est encore représenté comme un terrain libre.
A cette époque, les villes réapparaissent et avec elles les places. Lieux de rencontres et d’échanges qui les mettent en valeur et contribuent à la grandeur du nouveau pouvoir.
Les places deviennent une composante essentielle de la ville : lieux de rencontres et de représentation où l’on voit et où l’on se fait voir, lieux culturels, politiques et sociaux animés, elles sont les « miroirs de la société urbaine ». Le 28 décembre 1658, Louis XIV lui donnera le titre de place royale et promulguera une ordonnance défendant à la ville « d’en aliéner, échanger ou vendre aucune partie et d’y laisser bâtir aucune maison ou édifice pour quelque cause que ce soit ». Les grandes heures de la place Bellecour commencent. En 1686 la ville décidera d’édifier une statue équestre en l’honneur du roi régnant et la place prend le nom de « place Louis le Grand ». Autour de la place sont alors construits des édifices, dont les façades sont dessinées par le premier architecte du roi Robert de Cotte.La place Bellecour devient une véritable vitrine de la ville et un lieu de passage pour les personnages illustres.
Nous y verrons Louis XIII le 7 août 1630, la reine Christine de Suède, Louis XIV le 24 septembre 1658, en octobre 1696 ce sera Marie-Adélaïde, princesse de Savoie.En 1804, ce sera le pape Pie VII de passage à Lyon pour couronner Napoléon Bonaparte empereur à Paris.
À la Révolution, un autel de la Liberté y est élevé le 14 juillet 1790. La place change de nom et devient place de la Fédération. On y installe une guillotine en 1792. La statue royale est détruite en 1793, et la place devient place de l’Égalité. De même, suite au siège de Lyon en 1793, les façades Est et Ouest sont détruites sur ordre de la Convention qui y fait fusiller les vaincus dans le but de punir la révolte des Lyonnais. La place n’est alors plus qu’un champ de ruines, comme reflet de la ville qui n’est plus.
Fin juin 1800, Bonaparte de passage à Lyon après sa victoire de Marengo, pose la première pierre des nouveaux édifices. La place porte alors le nom de place Bonaparte et devient logiquement un peu plus tard place Napoléon.Redevenue place Louis-le-Grand (jusqu’en 1830) sous la Restauration en 1814, elle s'orne d'une nouvelle statue de Louis XIV, due au sculpteur Lemot, inaugurée en novembre 1825.
Ce n'est que sous la Troisième République que la place prend son nom actuel de place Bellecour.
Le développement des transports engendre des changements dans la conception de l’urbanisation. La place devient un élément indispensable et fondamental dans les plans d’urbanisme. Ainsi, Lyon connait un remaniement urbanistique. La presqu’ile, dont la place Bellecour sont au cœur de ce réaménagement. Tout est fait afin que les grandes rues (rue Impériale devenue rue de la République, rue de l’Impératrice devenue rue Edouard Herriot) convergent vers la place Bellecour.
Lieu d’échanges sociaux et de rencontres, rassemblements politiques, ce peut être un lieu de convergence spontané. Ainsi, en 1998, c’est sur cette place que se sont rassemblés les Lyonnais lors de la finale de football France/Brésil. Manifestations diverses comme la pyramide de chaussures d’Handicap International ou comme le 4 juillet 2009 près de 4.000 personnes se rassemblèrent lors de la mort de Mickaël Jackson.
Ce peut être un lieu culturel comme en 2005 avec des soirées cinéma. C’est également un lieu sportif avec le départ du « Lugdunum Roller Contest » qui met à l’ honneur la pratique ludique des rollers. Rendez vous incontournable pour les amateurs de patins ou de la grande roue. Nous n’oublierons pas non plus le tournoi bouliste de Pentecôte (depuis 1894). C’est plus de 600 jeux, plus de 10.000 joueurs, 1.200 équipes.
Et, pour les amoureux, c’est sous la queue du cheval de Louis XIV qu’ils se donnent rendez-vous. Cette place emblématique de la ville de Lyon aura vu au cours du XIX ième siècle des aménagements qui se sont poursuivis au cours du XXe et qui se poursuivent encore de nos jours. Le but étant de revenir à sa fonction d’origine : un lieu de vie, et non un lieu de passage comme elle tend à l’être encore aujourd’hui.
La place Bellecour vit au rythme de la cité, change de nom selon les époques et reste le théâtre des événements marquants de la ville. A elle seule, elle représente Lyon : les Lyonnais identifient leur ville à cette place et c’est bien l’un des premiers endroits, depuis maintenant quelques siècles, dont le visiteur se met en quête à son arrivée.
Patrice Beghain, Bruno Benoît, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon : Dictionnaire historique de Lyon - Editions Stéphane Bachès
Louis Maynard - Dictionnaire de Lyonnaiseries - Tallins & Cie - 1931