Vous êtes ici : SECT UNESCO > Fourvière > Saint-Just > Lycée St-Just, Grotte Berelle
Le site du Lycée Saint-Just est présent dans l’histoire depuis l’époque romaine. Le plan scénographique de 1550 , bien que très approximatif sur le plan de la perspective et des distances, situe cet emplacement, occupé par la « Récluserie de la Madgeleine », lieu de prière et de méditation, en face de la Croix de Colle (actuelle Place des Mînimes). Vestige romain parmi les mieux conservés, la Grotte Bérelle est une citerne souterraine gallo-romaine qui se situe sous l’esplanade du Lycée Saint-Just.
Le site du Lycée Saint-Just est présent dans l’histoire depuis l’époque romaine. Le plan scénographique de 1550 , bien que très approximatif sur le plan de la perspective et des distances, situe cet emplacement, occupé par la « Récluserie de la Madgeleine », lieu de prière et de méditation, en face de la Croix de Colle (actuelle Place des Mînimes).
Dans d’autres plans un peu plus tardifs, tel celui de Martin, cet établissement se trouverait un peu plus bas.
Le terrain du futur lycée est situé sur un éperon qui domine la Saône que l’on appelait au Moyen-Age le Puy d'Ainay. Situés entre le vallon du Gourguillon et la dépression de Choulans, ces terrains fluvio-glaciaires sont, à cette époque, instables et sujets à éboulement.
Afin de soutenir ces terrains, seront construits, à flanc de colline, un système de voûtes telles qu’on peut encore en voir depuis les bords de Saône. Certaines de ces voûtes sont visibles sur le plan scénographique de 1550.
Sur ce même lieu fut implanté en 1633, le couvent et pensionnat des Ursulines, mis en vente durant la Révolution, en 1791.
Sous l’esplanade du Lycée actuel se trouve une grande citerne romaine très bien conservée de la cité antique de Lugdunum dénommée "Grotte Bérelle" et dont la description détaillée est donnée en fin de texte.
Ce bâtiment imposant date de la seconde moitié du XIXe siècle. Dès 1835 Lyon décide de construire un Grand Séminaire. Différents projets sont présentés, l’un dans le quartier de Vaise, l’autre à la Sarra et même à l’école vétérinaire. Finalement, ce n’est qu’en 1843 que le site de la colline St-Just, rue des Farges, légèrement en retrait de la place des Minîmes, fut choisi.
A cet emplacement , les directeurs du Séminaire vont acquérir, en leur nom afin de simplifier la procédure, des immeubles de la rue des Farges ainsi que quelques petites propriétés sur la colline. Les Directeurs revendent alors le tout à l’Etat, chargés de la construction.
Il est initialement prévu deux ensembles, un pour les philosophes et un pour les théologiens. Finalement ce plan, pour raison pécuniaire est abandonné et il n’est prévu qu’un ensemble pour ces deux communautés.
Les travaux débutent en 1855 pour se terminer en 1861. Le bâtiment central de 100 m de long est flanqué de deux ailes et construit avec des matériaux de bonne qualité et notamment avec des pierres de taille provenant de Tournus. Les travaux furent beaucoup plus onéreux que prévu, ce qui fit dire à Napoléon III "J’avais dit un séminaire et non un palais".
Mais il manquait encore la chapelle. Ce n’est qu’en 1879 qu’elle sera construite. D’autres parties du séminaire seront érigées en même temps telle une porterie donnant accès rue des Farges qui remplace le simple couloir alors existant. Des parloirs vinrent compléter ces aménagements.
A la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le bâtiment va changer de fonction et devenir successivement la Caisse de Dépôts et Consignation en 1912, un hôpital pendant la première Guerre Mondiale et enfin en 1924, une annexe du Lycée Edgar Quinet. Il devient autonome en 1946. Depuis, le bâtiment a été modernisé et il comporte un gymnase. Depuis quelques années, la municipalité ayant voté l’éclairage du lycée, sa masse imposante est visible, la nuit, depuis la ville. Il est illuminé grâce à un système de centrale solaire innovant.
Claude Bellièvre (1487-1557), échevin de Lyon, humaniste et passionné d’antiquité, mentionne dans son ouvrage "Lugdunum Priscum (Lyon antique)" : … "dans les vignes de Lyon, sur la recluserie de la Magdelayne, s’ouvre une vaste cavité. On l'appelle communément 'Grotte Bérelle' "… Abraham Golnitz, érudit polonais , auteur d’un livre de voyage et qui visita Lyon en 1631, mentionne la Grotte Bérelle dans sa description minutieuse de Lyon.
"Cette conserve d’eau antique des romains" est en ces termes mentionnée sur le plan levé et gravé de Claude Séraucourt de 1735.
Il fut aidé par le R.P. Grégoire, père franciscain dont l’ordre a une certaine expérience en cartographie démontrée entre autres dans le magnifique plan détaillé du Couvent des Jacobins datant de 1517 réalisé par Simon André Ramette (Archives du Musée Gadagne).
- Désignation de la photo -
Ces deux plans sont visibles dans le bel ouvrage « 1350-2030 Plans de Lyon – Portraits d’une ville » de Charles Delfante et Jean Pelletier aux Editions Stéphane Bachès.
En 1925, Camille Germain de Montauzan, ingénieur des mines et archéologue français, dresse le plan de la Grotte Bérelle.
Cette citerne a été complètement enfouie sous les gravats lors de la construction du Grand Séminaire. Ses dimensions intérieures sont d’environ 14 X 15 m et 3,60 m. de hauteur. Aujourd’hui, fermée au public, les archéologues peuvent y accéder par un puits fermé par une plaque de fer soudée, dans lequel on descend par une échelle métallique qui arrive dans un couloir en pente légère. Un escalier glissant aux marches irrégulières arrive dans une des deux galeries concentriques d’environ 2 m. de large chacune. Une chambre centrale mesure environ 3,5 x 2 m. Les quatre murs de cette chambre sont percés d’une ouverture centrale donnant sur la galerie intermédiaire.
Cette galerie a elle-même ses quatre murs percés de trois ouvertures donnant sur la galerie extérieure, soit 16 arcades en enfilade. Toutes ces galeries aux murs épais d’environ 1 m. sont voûtées en berceau, avec des croisées d’arêtes bien dessinées. Huit regards cylindriques percés dans la voûte et obstrués aujourd’hui par de grosses pierres permettaient de communiquer avec l’extérieur.
On suppose que cette grotte Bérelle était alimentée par l’aqueduc de l’Yzeron, un des premiers aqueducs de Lugdunum. La contenance de la citerne a été estimée à 440 m3.
Revêtu d’enduit hydraulique rougeâtre, mélange de chaux et de briques concassées appelé tuileau, sur le sol et sur les parois, cet ouvrage est en bon état. On peut même encore voir les solins, qui sont les bourrelets d’étanchéité.
Dans l’angle sud-ouest, on peut voir deux petits conduits qui servaient à acheminer l’eau probablement par des conduits de plomb aujourd’hui disparus.
Le radier, qui contient toujours une petite hauteur d’eau, est légèrement en pente en direction du sud, jusqu’à un orifice d’évacuation d’environ 50 cm de côté. Quel était son emploi ? Le volume d’eau stockée étant beaucoup plus important que les citernes domestiques contenant quelques mètres cube, fait plutôt penser à une citerne collective ou publique. D’autre part, l’eau étant puisée par les regards, cette citerne ne peut être celle d’un établissement thermal. Il a donc été supposé que la grotte Bérelle aurait pu être la citerne de la caserne de la garnison de Lugdunum traditionnellement située à cet emplacement, mais rien ne permet de le confirmer.
Nous l’avons vu cette grotte Bérelle est citée tout au long de l’histoire dans des manuscrits ou sur des plans. Aussi jouissait-elle d’une renommée et recevait de nombreux visiteurs. Ces derniers laissaient leur nom et date de leur passage écrits au charbon de bois. La date la plus ancienne encore très lisible est 1550. On y trouve entre autres la signature de C. Germain de Montauzan, 1926.