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QUAI PIERRE-SCIZE

 

Le quai Pierre-Scize s’étend, dans le sens de la Saône, de la montée de l'Observance à la passerelle Saint-Vincent, sur une longueur d’environ un kilomètre, sur à la fois le 9e et le 5e arrondissement. Il permet de relier le quai Chauveau au quai de Bondy. Il offre un magnifique panorama sur le quai Saint-Vincent, la Croix-Rousse. Son nom vient de l’aspect d’un imposant rocher qui se trouvait entre la montée du Greillon et la montée de la Sarra. Avec le château éponyme, ce rocher faisait partie de l’histoire du quartier. 

 

Architecture d'Ouest en Est

 

Le quai est bordé côté colline par des façades sobres mais hétérogènes de différentes époques, avec pour certains un rez-de-chaussée commercial ajouré de fenêtres hautes ou de larges baies à arc en anse de panier et communique avec deux passerelles, quatre montées et une rue, la rue Saint-Paul.

 

La montée de l’Observance, au nord,  permet de relier à pied ou en véhicule le quai avec le haut de la colline et de rejoindre le cimetière de Loyasse. La montée est organisée principalement en lacets serrés entre des murs de pierre et des zones arborées, et une courte ligne droite. Elle a été tracée en 1846 à travers le jardin du monastère éponyme. C'est en faisant ce passage qu'on a trouvé les ruines d’une villa romaine. Le couvent qui était établi en bas de cette montée était à l'emplacement de l'école Bayard. Le couvent de l’Observance a été construit à partir de 1493 et définitivement démoli en 1849. Il reste deux pieds de piliers dans le mur d'enceinte de l'école Bayard, derniers vestiges de ce couvent.

 

Du n°8 au n°13, série de maisons anciennes, petites, de deux à quatre étages, avec une rangée d'anges sculptés sous le toit du n°8 et un autre ange dans une niche au n°10. Le retrait laisse une petite place en longueur.

 

Au n°15, un bel hôtel particulier du XIXe siècle avec cour intérieure et une tour demi-ronde.

 

Montée du Greillon : située à l’angle du 15 quai Pierre-Scize, cette montée permet de relier le quai à la rue du Docteur Rafin. C’est en fait un escalier qui gravit la colline de Fourvière.

 

- Montée du Greillon -

 

Son nom vient du fait que cette partie de la colline a longtemps porté le nom de Grillon, ou Greillon. À la fin du XVIe siècle, il ne s’agissait que d’un simple chemin longeant l’ancien rempart de la ville. Toujours au XVIe siècle, le peintre vénitien André Pestalozzi s’y fit construire une maison, le peintre Joseph Chinard l'a ensuite habitée.

 

Le grand bâtiment au n°16 quai Pierre-Scize est un ancien grenier à fourrage militaire, construit en même temps que le rempart de 1830 à 1848. Il est propriété de la ville et sert actuellement d’entrepôt pour les décors de théâtre de Louxor Spectacle.

 

Montée de la Sarra : cette montée permet de lier la quai Pierre Scize et la montée de l’Observance. Elle comporte 261 marches, interrompues par le chemin de Montauban, puis à nouveau 269 marches. Son nom est un hommage à Sarra, déesse du soir, dont les lieux portants cette dénomination sont orientés vers le couchant. Autrefois, une partie du tracé de la montée servait de chemin de ronde aux anciennes fortifications de la ville.

 

- Ancien Grenier à Fourrage, 16 Quai Pierre-Scize -

 

Ancienne recluserie Saint-Epipoy au n°19 : les chrétiens Epipoy, né Epipode, et son ami Alexandre sont hébergés en 177 au 19 quai Pierre-Scize par la veuve Lucie pour échapper aux persécutions. Mais ils seront retrouvés et mis à mort. Par la suite, les deux martyrs seront canonisés, puis à la place de la maison de Lucie seront bâties la recluserie Saint-Epipoy et une chapelle qui seront détruites à la fin du XVIe siècle.

 

Ensuite du n°24 au n°37, ce qui fait le caractère unique de ce quai est un très long alignement de maisons anciennes, à peine interrompu par quelques constructions plus hautes et plus récentes. Les maisons sont petites, simples, ce sont les arches des boutiques qui sont jolies. Maison médiévale au n°24 : rez-de-chaussée à arcades, escalier à vis. Au n°26 : porte cintrée, étages à meneaux, escalier à vis dans une tour. Au n°37 : maison du XVIe siècle.

 

La place Bourgneuf est située  le long du quai Pierre Scize, du n°43 au n°57, dans un renfoncement, au 3/4 dans le 9e arrondissement à l’ouest, et 1/4 dans le 5e arrondissement à l’est. Elle correspond à l’ancienne porte de Bourgneuf détruite en 1561 engendrant la forme de cette place. Elle a été  ouverte sur la Saône après la démolition des maisons coté rivière pendant la Révolution.

 

Photo de vacances

- Maisons du 23 au 27 Quai Pierre-Scize -

 

On remarquera notamment de belles entrées marquées d’arches de pierre comme au n°45, un écusson avec monogramme du Christ sur l’arc de la porte au 47 et des décors sculptés comme au n°46 ou n°57.

 

Au n°48, la "Maison Peinte" appelée ensuite "Petite Abondance" a d’abord été utilisée jusqu’en 1745 comme grenier de la ville. Le lieu deviendra ensuite une faïencerie avec Pierre II Rogé, puis par la suite Alexis Revol, Jean-Baptiste Chapeaux et enfin Abel Eterlin jusqu’en 1875. Ensuite les bâtiments hébergeront la teinturerie Bussy avant d’être détruits en 1955.

 

Belle maison médiévale au n°51 de 4 étages avec jolies arcades en rez-de-chaussée.

 

La montée de la Chana relie le quai Pierre Scize au chemin de Montauban. La montée est composée d’un escalier comprenant plusieurs centaines de marches menant à terme à la basilique Notre-Dame de Fourvière. Un « chana » était un canal ou une rigole en patois lyonnais. Elle pourrait aussi tenir son nom de Saint-Martin de la Chana, ancien prieuré de jeunes filles fondé au moyen-âge et délaissé au XVIe siècle.

 

La maison du n°53 a été celle de Charles Ludin (1867-1949), dessinateur et peintre paysagiste, élève de l’École des Beaux-Arts de Lyon et membre des Artistes Français.

 

Plus loin, la statue de l’Homme de la Roche, bien connu des lyonnais, est un monument érigé au XIXe siècle, quai  Pierre Scize, sur la rive droite de la Saône.  La statue en pied de ce bourgeois du XIe siècle est  protégée par une niche creusée dans la roche.  On remarque qu’il porte un habit de gentilhomme du temps de François 1er, qu’il a une bourse dans la main droite et un document dans la main gauche. Jean  Cléberger naquit à Nuremberg, en Bavière en 1485. Il fit d'abord le choix du « commerce » de mercenaire, c'est-à-dire la guerre au service des princes étrangers  assez riches. Il fut ensuite agent de la maison de commerce et de banque Imhof dès 1509, à Nuremberg. Après avoir sillonné l’Italie, la Hollande, L’Allemagne, la Suisse, il  s’établit définitivement en 1532 à Lyon où il se met à son propre compte comme banquier et prend le nom francisé de Jean Kleberger ou Jean Cléberger. Il fut un des bienfaiteurs des pauvres malades de Lyon.

 

- L'Homme de la Roche -

 

La maison du n° 62 se distingue par la largeur et l’ordonnance classique de sa façade : notez la hauteur décroissante des fenêtres qui renforce la perspective et l’impression de hauteur.

 

Remarquez l’enseigne ”Porc en gros et ½ gros” sur la façade de la maison du n°63, vestige d'une activité commerciale de distribution.

 

La maison du n°79 est du XVe siècle, fenêtres à meneaux, galeries, escalier à vis.

 

La rue Saint-Paul relie le quai Pierre Scize à la place Saint-Paul. Elle offre un beau panorama sur la colline de Fourvière. Son nom est lié à l’église Saint-Paul, qu’elle abrite. À savoir, l’église Saint-Paul est l’un des monuments religieux les plus anciens de Lyon, puisque son existence est attestée dès le XIXe siècle, dans les documents que l’évêque Leidrade transmettait à l’empereur Charlemagne mélangeant les styles roman et gothique, l’édifice embellit le Vieux-Lyon par sa tour-lanterne.

 

Les immeubles du n° 101 à 107 se distinguent par leurs portes et fenêtres anormalement basses, l’accès se faisant par une petite marche, ce qui permet d’imaginer le niveau historique des quais au moins un demi-mètre plus bas.

 

La façade du n°101, datant du XVe siècle, se compose de cinq niveaux, dont trois étages sont à meneaux accolés. Le rez-de-chaussée est rythmé par des arcades côté quai. Fenêtres sculptées dans l’escalier. Immeuble privé.

 

Au n°104, escalier à belvédère, allée plafonnée à la française.

 

La façade de l'immeuble du n°110 se remarque par ses pierres arrondies et son enduit rouge. Elle est à bossages et pilastres avec quatre étages. Les pierres sont appareillées. Au premier étage, les fenêtres sont cintrées. Le rez-de-chaussée est rythmé par des arcades. La cour abrite un escalier à colonnes massives, arcs rampants et paliers en saillie. Immeuble privé. La maison, loggia et escaliers sur cours du XVIe siècle est inscrite aux Monuments Historiques.

 

La façade de l’immeuble au n°114, du XVe siècle, se compose de six niveaux. Le rez-de-chaussée est rythmé par huit arcades en plein cintre, qui correspondent avec les fenêtres. Cour qui donne sur la place Gerson.

 

Placée à l’endroit le plus étroit de la Saône (75 mètres), la passerelle piétonne Saint-Vincent unit le quai Saint Vincent au quartier Saint Paul. Créé en 1832, elle a été précédée par plusieurs ponts de bois (à péage) depuis l'époque romaine, détruits par les crues les uns après les autres. A sa création par des intérêts privés, la passerelle était à péage.

Et la crue de 1840 a endommagé la passerelle. Elle fut réparée. Le péage a été racheté par la ville de Lyon en 1865 et la passerelle a, dès lors, été libre d’accès.

 

- Passerelle Saint-Vincent -

 

En 1944, tous les ponts de Lyon avaient été minés par les allemands, afin de protéger leur retraite. Mais cette passerelle ne fut pas détruite car l’explosion du pont voisin de la Feuillée perturba le système de mise à feu des charges explosives de la passerelle.

 

 

Histoire

 

Les quais doivent leur nom à l’imposant rocher sur lequel ils s’appuient et qui semble brisé en deux par le passage de la Saône : "scize" du latin scindere, scinder, diviser en deux parties. Dans l’histoire géologique de la région, il fut probablement un temps où cette barre de gneiss noir et dur, proche du granit et caractéristique des Monts de Lyonnais, formait un seul ensemble avec le rocher de Serin au nord-ouest et le Fort Saint-Jean. Celui-ci fit barrage à la Saône en l’obligeant à dévier son cours vers l’est. L’érosion et la main humaine auraient alors élargi ce quin’était probablement qu’une légère crevasse en travers du rocher, donnant à celui-ci sa forme si particulière de "pierre scize".

 

Il faut attendre le 1er siècle avant JC pour que ces falaises à pics commencent à prendre la silhouette que nous lui connaissons aujourd’hui : l’empereur romain Aggripa y fait alors aménager un passage pour la voie allant de Saintes à Lyon. Au Moyen-Âge, elle est ensuite pavée puis lotie. Jusqu’au VIIe siècle, la rivière avait le nom d’Arar, nom celtique coexistant avec un autre nom « Sauconna » à l’origine de Saône.

 

À partir du XIe siècle, la silhouette menaçante du château de Pierre-Scize la domine. Pierre-Scize n’est alors pas un quai mais une rue : plusieurs rangées de maisons prennent en effet appui sur les rives de Saône et ferment le paysage, comme on peut encore le voir aujourd’hui aux Pays-Bas, dans les villes flamandes ou encore à Venise. Ces ilots sont percés de petits passages qui donnent sur le fleuve, pour l’accès. Sur le plan de George Brun, en 1575, le quai apparait délimité côté ville par la « porte de Bourg Neuf » et côté campagne aux pieds du château  par la porte de Pierre-Scize. Ce "Bourg Neuf" désigne alors un hameau ancien, à l’origine probablement situé hors des murs de la ville, comme le suggère le terme de "bourg". On trouve sa trace au moins jusqu’au XIIIe siècle.

 

À la veille de la Révolution, l’étendue actuelle du quai Pierre-Scize est alors divisée en quatre tronçons, d’Est en Ouest :

  • la rue de la Peyrolleries,
  • la rue du Puits du Sel,
  • la rue du Bourgneuf,
  • la rue de Pierre-Scize, après laquelle s’arrêtent les constructions et où commence une montée, aujourd’hui disparue, permettant d’accéder au Château.

 

Cette forme urbaine perdure jusqu’à l’aube du XIXe siècle. En effet, à la suite du décret « Lyon n’est plus », les révolutionnaires abattent les maisons le long de la Saône afin d’ouvrir la route vers le nord : 143 maisons sont abattues, les rues deviennent ainsi un seul quai et, suite à la destruction du château, le rocher est transformé en carrière. La pierre extraite sert à l’enrochement des ouvrages fluviaux. Au fil du XIXe siècle, les digues sont plusieurs fois refaites et consolidées. Des maisons de plus en plus hautes s’adossent au rocher, que le chemin de fer vient couronner en 1876. La typologie des bâtiments en façades ajourées à enseignes et les photos d’archive témoignent d’une importante vie commerciale le long des quais.

 

En 1911, un pont métallique à trois arches est construit pour relier le quai Pierre-Scize au quai Saint-Laurent, le « pont de l’Homme de la Roche ». S’il sera l’un des rares à survivre à la Seconde Guerre Mondiale, ce sera finalement le tramway  qui aura raison de lui : fragilisé par les passages répétés de la « Guillotine », ligne de Lyon à Neuville, le pont est remplacé en 1986 par une passerelle que l’on souhaitait provisoire mais qui perdure encore de nos jours.

 

Pont et passerelle sont ainsi nommés en référence au mausolée qui se trouve à proximité : depuis le XVIe siècle se trouve dans un renfoncement la statue d’un bienfaiteur de la ville de Lyon, Jean Kleberger ou aussi Jean Kléberg, surnommé « le bon allemand ». Il ne sera identifié aux yeux du public qu’au XIXe siècle, à l’occasion de l’inauguration de la statue actuelle.

 

Aujourd’hui, le quai Pierre-Scize est une voie de circulation en sens unique du sud vers le nord avec voie de bus et piste cyclable mais avec peu de commerces. Il y a plus d’une dizaine d’années, c’était le quai des boîtes de nuit, devenu désormais un lieu de passage et de promenade apaisé pour profiter de la rivière et de la belle vue sur la Croix-Rousse.

 

 

Ce n'est que vers l'extrême fin du XVe siècle. que les choses vont changer pour la cité, et cela grâce aux répercussions des foires octroyées par le roi à partir de 1420. Le succès des quatre foires annuelles se traduit par l'arrivée à Lyon de banquiers et de commerçants italiens (Médicis, Gadagne, Gondi, Salviati et Bonvisi), attirés par l'emplacement géographique de la ville et par l'inévitable reconstruction du pays au sortir de la guerre. La soierie et l'imprimerie s'implantent dans la ville qui entre enfin dans l'ère Renaissance, « le siècle d'or de Lyon ». C'est à cette époque que les maisons moyenâgeuses du quartier sont totalement remaniées, les grandes familles réhabilitant les anciennes maisons pour en faire de riches demeures dans le style italien.