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LYON A LA RENAISSANCE

 

La guerre de Cent Ans s'achève enfin. Les Anglais sont repoussés hors de France en 1453, le traité de paix est signé en 1475, c'est la fin du Moyen-Âge. Le pays sort épuisé de ces années de guerre, commerce et vie intellectuelle sont ralentis. L'époque de la Renaissance à Lyon va se traduire par une intense activité, commerciale, financière, urbaine, intellectuelle.

 

La ville de Lyon a été relativement épargnée par les conflits de la Guerre de Cent Ans, jamais pillée ni assiégée, elle a au contraire bénéficié de la clémence royale. En 1320, elle a obtenu le privilège de s'auto-gérer, au travers d'un Consulat, prémices de notre conseil municipal. L'administration de la ville est gérée par douze Consuls, élus par les maîtres des métiers.


De plus, en mars 1462, Louis XI accorde le privilège des quatre foires annuelles d’une durée de quinze jours, libres de taxes. La ville reçoit puis exporte des épices, des draps de soie, du velours, du taffetas, du damas, des aciers fins et des armes de qualité, mais aussi des couteaux, des produits métallurgiques. Pour les paiements, on utilise les lettres de change créées à la fin du XIIIe siècle en Italie : c'est un instrument de crédit et de paiement, payable à terme. Le paiement se fait sur la Place du Change qui devient le haut lieu de la banque à Lyon.

Comme dans l'Antiquité, la situation géographique de Lyon en fait une plaque tournante du commerce de marchandises, entre les pays du Sud et les pays du Nord, comme l’Angleterre ou les territoires de l'Empire. Elle devient une ville « où il faut faire des affaires », carrefour commercial, haut lieu du négoce et de la banque.

 

Lyon, ville de négoce

 

De grandes familles de banquiers et commerçants italiens, florentins, lucquois, vénitiens, attirées par cet important trafic d’argent, s’établissent à Lyon et se font construire dans les quartiers St Jean et St Paul de somptueuses demeures. Certaines de ces maisons conservent encore leurs noms : le musée Gadagne était l'hôtel particulier de cette famillle florentine, enrichie par le très lucratif commerce international.

 

Lyon bénéficie des influences de divers pays limitrophes. L’Italie apporte les idées nouvelles de la Renaissance, ces idées sont véhiculées grâce à l'imprimerie, invention allemande de 1450, qui se développe en Europe à partir de 1470.


Lyon va devenir un grand centre européen de l’imprimerie. C'est en 1473 que Barthélémy Buyer, un riche bourgeois lyonnais, installe des typographes dans la rue Mercière. C'est là que vont se réunir de nombreux ateliers d'imprimeurs et de libraires pour fonder en 1519 la Grande Compagnie des Libraires de Lyon. Nombre d'imprimeurs lyonnais sont devenus célèbres : Sébastien Gryphe, Etienne Dolet, ou encore Claude Nourry qui publia en 1532 la première édition de Pantagruel. La pensée humaniste se développe, avec notamment la création du Collège de la Trinité en 1527 ; celui-ci se place rapidement comme un collège humaniste d’importance dans le pays, regroupant de grands professeurs.

 

Des médecins de renom s’établissent à Lyon, comme Symphorien Champier, Michel Servet et Rabelais, qui exerça à l’Hôtel-Dieu. Des collectionneurs, à l'image de Pierre Sala à l’Antiquaille, créent des lieux de culture, pour entreposer des Antiquités ou accueillir des bibliothèques.

 

Enfin, des écrivains séjournent dans la capitale des Gaules : ce sont Clément Marot, Etienne Dolet ou encore Bonaventure Des Périers. Une Ecole lyonnaise de la poésie s’établit avec Maurice Scève, Pernette du Guillet, Louise Labé (La Belle Cordière), Pontus de Tyard et Paradin de Cuyseaux.

 

Les rois de France mènent grand train et il est de tradition que les rois, à leur arrivée au trône, fassent une entrée dans chaque ville importante du royaume. A Lyon, les entrées royales de Charles VIII en 1494, Louis XII en 1507, François 1er en 1515, Henri II et Catherine de Medicis en 1548, Charles IX en 1564 donnent lieu à toutes sortes de réjouissances et festivités. Cela coûte cher aux finances du Consulat, mais le séjour des rois bénéficie toujours à la ville : c’est ainsi que le monastère des Célestins est restauré par Louis XII à la suite d’un incendie.

 

Mais les monarques lancent surtout de coûteuses campagnes militaires qui leur demandent de lourds emprunts. La ville est riche, les souverains prennent donc l'habitude de la ponctionner, créant ainsi, une imposition régulière. Pour alimenter les finances de la ville, le Consulat met en place des droits d’octroi sur les denrées entrant dans la ville.

 

L'influence Italienne

 

Lyon est, depuis 1494, le point de départ des guerres d'Italie menées par les rois de France. A chaque retour des monarques, l'influence italienne grandit et s'infiltre dans la cité.

 

Mais c'est avec le roi François Ier, lorsque la cité devient la capitale provisoire de la France, que la Renaissance va réellement modifier l'aspect architectural de la ville.
Base arrière des expéditions militaires en Italie, Lyon accueille la cour presque chaque année. Les milliers de chevaux et d'hommes s'installent alors sur les nbords de Saône, autour de l'Ile Barbe, dans des châteaux et campements. On organise des fêtes et des tournois, le Roi légifère, organise des soirées littéraires.
En octobre 1536, François Ier autorise la ville à fabriquer de la soie. Vingt ans plus tard, cette activité devient prépondérante et permet à 12 000 personnes de travailler et de vivre.

 

Pour toutes ces raisons, la ville de Lyon est une ville attirante: en cinquante ans, la population de la ville augmente de cinquante pour cent. Elle va passer de 40 000 à 60 000 personnes.

 

Lyon, Ville de Conflits

 

Néanmoins, la ville est mise à mal par d'importantes tensions sociales. En 1528, la population doit faire face à une augmentation du prix des grains : c'est l'origine de la révolte appelée la Grande Rebeyne, le 25 avril 1529. Emeutes et mise à sac de quelques riches demeures (notamment celle du médecin Symphorien Champier) sont réprimées dans la violence.

Pour ramener le calme et répondre aux besoins des plus pauvres, le Consulat baisse les prix du froment et crée l'Aumône générale avec, entre autres, l'aide de Cléberger, le Bon Allemand, prêteur attitré du roi François Ier. En 1531, puis en 1572-1573, la ville traverse des périodes de grande famine. L'entassement de la population dans des logements insalubres favorise le développement de nombreuses épidémies, comme en 1481 et en 1581. Enfin, les habitants de Lyon doivent faire face à des inondations, notamment celle de 1570, qui fut très meurtrière.

 

Largement influencée par les idées nouvelles, la ville de Lyon constitue une Eglise protestante en 1546. Mais le roi Henri II, fervent catholique, décide de prendre de sévères mesures à l'égard de cette nouvelle religion. Entre 1547 et 1595, la ville va être la proie des guerres de religion.

Après la mort d'Henri II en 1559, le climat est à la tolérance et le nombre des Réformés augmente. Dès 1560, ils tentent, sans succès, de s'emparer de la ville. Les Edits de juillet 1561 et janvier 1562 qui donnent la liberté de culte et de conscience (dans les faubourgs et les campagnes...), permettent à la Réforme de se développer, avec notamment la construction d'un lieu de culte.

 

Un premier conflit marque la cité. Dans la nuit du 29 au 30 avril 1562, les Réformés, organisés en force armée, s'emparent par surprise de la ville. Le Baron des Adrets les accompagne et est même l'instigateur de destructions importantes, comme celles des cloîtres de St Jean et d'Ainay, ou encore des églises collégiales de St Just et St Irénée.


Pour une année, Lyon est gouvernée par un consulat à majorité protestante et un Conseil de l'Eglise Réformée. Le traité d'Ambroise de mars 1563 marque la fin de l'occupation des Protestants à Lyon. La deuxième guerre voit la revanche des catholiques : les Jésuites obtiennent la direction du Collège de la Trinité le 30 avril 1565. De nombreux protestants seront alors expulsés ou fuiront la ville.

En 1572, le gouverneur François Mandelot, ayant appris le massacre de la Saint Barthélémy, fait emprisonner 700 protestants dans le but de les protéger. Malgré tous ses efforts, la population prise d'une folie sanguinaire, les massacre et les jette dans la Saône le 31 août 1572. Alors que les luttes pour le pouvoir entre le roi catholique Henri III et le protestant Henri roi de Navarre (futur Henri IV) font rage, la ville connaît un moment de paix, jusqu'en 1588.

En décembre 1588, le roi fait assassiner le duc de Guise, chef de la Ligue catholique, qui lui fait de l'ombre. Lyon, à l'image de toutes les villes de province, prend immédiatement le parti de la Ligue, qui fait assassiner le monarque le 2 août 1589. Henri IV roi de Navarre, premier roi de la branche Bourbon des Capétiens, protestant, lui succède. Ce n'est que le 8 février 1594, que la cité se soumet enfin à l'autorité royale d'Henri IV. Le souverain fait alors son entrée solennelle à Lyon le 4 septembre 1594.

 

En savoir plus sur la Renaissance

 

La Renaissance n'est pas une période historique à proprement parler, elle n'est pas bornée par des dates précises, c'est plutôt un moment de l'histoire pendant lequel l'Europe vit au rythme des découvertes scientifiques, culturelles et littéraires.


Les origines de ce mouvement sont en l'Italie, à Florence, dès 1300 (Trecento) et proviennent de l'impulsion financée par la dynastie des Médicis, mécènes et collectionneurs. Les arts sont les premiers touchés par ce renouveau qui va se diffuser aux sciences, à l'architecture, à la philosophie...

 

L'influence antique

 

L'urbanisme bénéficie aussi d'une nouvelle approche : la relation église-palais-place est placée au centre de la réflexion. Les rues sont désormais perçues non seulement comme un moyen d'afficher son prestige (d'où l'élaboration de façades spécifiques pour les palais italiens) mais également comme un régulateur de flux.

 

L'époque antique apparaît comme le point d'apogée de tous les arts, et on va continuellement s'en inspirer pour l'égaler, voire la surpasser. Les artistes de la Renaissance sont polyvalents et complets, ils cherchent à obtenir le savoir absolu, aussi bien au niveau de l'ingénierie que des arts ou de la philosophie...

 

A la chute de Constantinople en 1453, les savants et artistes de la civilisation byzantine fuient les Ottomans et se réfugient en Italie. Ils sont accueillis par la riche cité-État de Florence, rivale de la République de Venise et des États pontificaux. Chacune de ces puissances va financer des œuvres d'embellissement pour son propre compte.

Jusque là, l'expression artistique était l'apanage de l'Eglise. Destinée à maintenir le peuple illettré dans un état de crainte, elle ne mettait bien souvent en scène que des visions dantesques d'Apocalypse, d'An Mil, et de châtiments célestes.

Avec la Renaissance, les représentations vont rapidement entrer dans la sphère privée et se faire profanes.

 

De grands nobles désireux de montrer le prestige de leur rang, font appel à des artistes talentueux et se font représenter au bas des figures divines.  Pour la première fois, les œuvres ne sont plus seulement commandées par le pouvoir religieux ou séculier mais entrent dans les maisons bourgeoises.

 

Extension de la Renaissance

 

Ce climat d'émulation régnant sur toute la botte italienne va s'étendre à partir du XVe siècle, à l'Espagne, à l'Allemagne et à certains pays du Nord.
La mise au point de l'imprimerie par Guttenberg en 1456 est considérée comme l'un des facteurs déterminants de la diffusion de la Renaissance ; les idées circulent désormais beaucoup plus facilement. Toutefois, ce n'est qu'au tout début du XVIe siècle que ce renouveau atteint la France et ce, par le biais des guerres d'Italie menées par les souverains français revendiquant les royaumes de Naples et de Milan. Les rois français reviennent émerveillés de leurs campagnes italiennes : la magnificence des palais, l'éclat des peintures, la beauté des sculptures, la richesse des bibliothèques, tout en Italie appelle au renouveau.

La France, qui sort de plus de cent ans de guerre avec l'Angleterre, ne connaît encore que le gothique flamboyant, les châteaux ont toujours une vocation défensive, les arts sont confinés dans la sphère religieuse. Les premiers édifices Renaissance sont édifiés dans le Berry, région du roi Charles VI, près de la route Jacques Cœur.


L'épanouissement de cet art renaissant se fait au travers des châteaux du Val de Loire, avec le roi François Ier. De retour en France après deux ans de captivité en Italie, il fait venir des artistes et architectes italiens sur le sol français. Ces artistes adaptent l'architecture renaissance italienne aux régions pluvieuses de France (ajout de toiture, ...). Ce n'est qu'à partir de 1575 que les artistes français se défont de la tutelle italienne et réalisent enfin de grands travaux associant les idées de la Renaissance avec le savoir-faire français.

 

Bibliographie

 

Bruno Benoit, Roland SaussacHistoire de Lyon : Des origines à 2005, Edition des Traboules, 2005.
André Pelletier, Histoire de Lyon : De la capitale des Gaules à la métropole européenne, Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2004
Jean-Pierre GuittonGuide de Lyon : Renaissance, Age classique, 1500-1789, ELAH, 1995